J’ai découvert la problématique de la pêche artisanale lors de la campagne des législatives. Cela m’a passionnée. Je m’étais dit qu’il fallait continuer à accompagner cette profession difficile, exigeante, de moins en moins rentable, qui connaît de nombreuses difficultés : baisse de la ressource, augmentation des coûts de production liés au gazole, réglementation européenne défavorable à la pêche méditerranéenne…
L’occasion n’est pas si fréquente de pouvoir déplacer deux députés européens au plus près du terrain. Eric Andrieu est audois, membre de la commission agriculture. A ce titre il connaît bien les problématiques régionales et il a démontré encore une fois sa capacité d’écoute. Quant à Isabelle Thomas, bretonne d’origine et membre de la commission pêche au parlement européen, elle a impressionné les pêcheurs par sa connaissance du dossier et son franc-parler.
Paul Gros, président de l’Office professionnel et de la coopérative des pêcheurs, Monsieur Maestrangelo, premier prud’home, Philippe Pélissier, deuxième prud’home, Monsieur Hubidos, pêcheur retraité, représentaient leurs homologues pêcheurs ce jeudi 7 mars pour accueillir les deux députés européens.
Bien que commencée avec un peu de retard, la rencontre a été passionnante et riche.
On a tendance à penser communément que les pêcheurs –comme les agriculteurs d’ailleurs- sont les seuls responsables de leurs difficultés. Ce serait trop facile. S’il y a bien eu surpêche dans certains cas, les artisans du Grau-du-Roi n’en sont pas les premiers responsables. Au contraire, ils ont depuis une cinquantaine d’années, réglementé, organisé, la pêche au chalut. Ils sont les premiers à déplorer certaines pratiques peu respectueuses de la ressource et peu écologiques.
Aussi, ce fut un dialogue musclé mais franc, direct et ouvert. Isabelle Thomas et Eric Andrieu ont d’abord expliqué le fonctionnement des instances européennes et la possibilité pour le Parlement, depuis l’adoption du traité de Lisbonne, d’avoir un vrai droit de véto si les propositions de la Commission ne conviennent pas. C’est ce qu’ils ont fait dernièrement lorsqu’il s’est agi de voter une résolution sur les concessions de pêche transférables. Ils ont considéré que le texte européen privilégiait la ressource au détriment de l’équilibre économique et social de la filière.
Toutes les difficultés de la pêche artisanale au chalut ont été posées : les quotas, la limitation des jours de pêche, les contrats bleus non payés, le zéro rejet, les plans de gestion, les difficultés relationnelles avec la DPMA, la difficulté de faire reconnaître la spécificité de la pêche méditerranéenne telle qu’elle se pratique au Grau-du-Roi, la question de la sécurité, du renouvellement de la flotte…
Après deux heures de discussion, les pêcheurs ont fait des demandes précises : puisque un décret du 28 février exige une limitation des jours de pêche et que les Graulens sont parvenus à se mettre d’accord avec les Sétois sur une moyenne de 200 jours par chalutier, il serait souhaitable que l’année prise en compte puisse commencer en juillet pour se terminer en juin. D’autres revendications ont été faites que les députés ont promis de relayer auprès du Parlement européen.
Nous aurons l’occasion de suivre ce dossier et de voir comment ces demandes seront prises en considération ou non.